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 MARGUERITE D’AUTRICHE - REGRETTEES BASSES DANSES MARGUERITE D’AUTRICHE – REGRETTEES BASSES DANSES

Album et chansonnier de Bruxelle, recueil de basses danses avec : Marie-Pierre Clertant (chant), Bettina Ruchti (vièle), Patricia Esteban et Tiphaine Boulc’h (flûte à bec, viole de gambe) , Dana Howe (Luth), Massimiliano Dragoni (Percussion).« Regrettées basses danses » est un projet artistique centré sur le corpus de manuscrits possédé par Marguerite d’Autriche. Femme centrale du début des années 1500, Marguerite est le lien entre tristesse et festivités. Fille de Maximilien 1er de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, Marguerite est née en 1480 à Bruxelles et sera successivement, princesse de Bourgogne, fille de France, infante d’Espagne, duchesse de Savoie et régente des Pays bas. Sa position politique la place au milieu des plus grands. Toutefois sa vie sera une succession d’évènements malheureux : élevée comme fille de France, elle sera répudiée par Charles VIII. Puis arrive la mort de son second mari, Jean de Castille, alors qu’elle est enceinte, à cela s’ajoute la naissance de son enfant mort–né, et enfin la mort de son second mari Philibert le beau, duc de Savoie. Marguerite fût une femme forte et active sur les plans politiques et artistiques (elle prendra part à l’éducation de Charles Quint et elle choisira elle –même les artistes pour la construction du monastère de Brou). Le corpus qu’elle nous lègue est remarquable car il regroupe à la fois les poèmes et les musiques des plus grands artistes tel que Pierre de La rue, L. Compère, A. Agricola. La plupart de ces textes reflètent le désarroi et la tristesse ainsi que le regret. En parallèle, le manuscrit de basse danse compile une cinquantaine de ténors, dont la polyphonie est à improviser, ceux-ci dévoués aux divertissements plus enjoués. Nous travaillerons sur les trois sources suivantes : l’album (Brussels bibliothèque royale – ms. 228 (1516-1523)), le chansonnier (Brussels bibliothèque royale – ms. 11239(av.1507)) et le manuscrit des basses danses de Bourgogne (Brussels bibliothèque royale ms. 9085). Le projet s’articule sur deux axes : d’une part les polyphonies franco-flamandes et d’une autre, les polyphonies improvisées. « Alles regretz », « Venes regrets », « Va t’en regretz », « Belle pour l’amour », toutes ces compositions illustrent merveilleusement le style franco-flamand. Les polyphonies nous permettent à la fois de mettre en avant l’esthétique poétique dans la musique mais elles nous servirons également de source d’inspiration pour l’improvisation. Dans la musique de danse, le musicien peut devenir un guide, inspirer tel ou tel pas, cadencer pour les révérences ou indiquer le changement de mesure. Les basses danses sont un exemple de grande liberté musicale dans un art, certes, très codifié. L’élaboration de ce programme est pour nous la possibilité d’offrir au public un concert representative des diverses applications musicales à une époque donnée. Il nous permet de jouer sur les variétés stylistiques et sonores et d’aborder la musique, la danse et la poésie.

 L’ALTA BELLEZA L’ALTA BELLEZA

Musique de Dufay (chansonnier Mellon) et du Trecento tardif. avec : Marie Pierre Duceau, chant – Tiphaine Boulc’h, Patricia Esteban, flûte à bec – Bettina Ruchti, vièle.

Le programme L’alta belleza part du voyage de Guillaume Dufay (ca.1400-1474) en Italie. Sa rencontre avec la musique italienne env. à 1420 avait une grande impulsion sur Dufay et son langage artistique. Sous l’influence de grands maîtres italiens comme Francesco Landini et Antonio de Cividale (les deux 14. siècle), Dufay a commencé à développer son propre style musical qui a influencé de sa part les compositeurs franco-flamands des générations suivantes. Dans notre programme, les deux mondes se retrouvent mis en relation : D’une coté la musique du Trecento, représentée par des pièces de Landini, Cividale, Zaccharias etc., de l’autre coté la musique franco-flamande de Dufay et ses compatriotes Antoine Busnoys (†1492) et Johannes Tinctoris (1435-1511). Il est ainsi possible de suivre et d’entendre la transition du Trecento, phénomène uniquement italien, à la musique des franco-flamands du 15 siècle qui traversent les frontières avec les mélodies douces et plaisantes.

Vergene bella – G. Dufay (1400-1474)

A vous sans aultre – Busnoys (chansonnier Mellon)

Non perch’i’ speri, donna – Laurentius de Florentina

O felix flos – Antonius de Cividale (1392-1421)

Sovra la riva – Laurentius de Florentina

Virgo dei throno digna – Tinctoris (Mellon)

L’alta belleza tua – Dufay

Est-il merchy – Busnoys (Mellon)

Je requier a tous amoureux – Dufay (1400-1474)

O pianta vaga – Anonyme

Benché lontano – Magister Zaccharias

O spirito gentil – Prepositus Brixiensis

O virgo, miserere mei – Tinctoris (Mellon) (1435-1511)

Je me complains piteusement – Dufay

Plorans ploravi – Antonio Zacara da Teramo (1350/1360-1413/1416)

Ce jour le doibt – Dufay (1400-1474)

Resvelliés vous – Dufay (1400-1474)

 CACCIANDO UN GIORNO CACCIANDO UN GIORNO

Cacce, ballata, et madrigali canoniques – Codex Rossi, Panciatichi, Scuarcialupi Artistes Invités : Esther Labourdette, soprano et Lionel Desmeules, ténor.

Au Trecento, de nouvelles formes poétiques en langue vernaculaire apparaissent, et la polyphonie profane connaît un développement remarquable en relation directe avec l’émergence d’un système de notation rythmique plus élaboré. C’est ainsi que, dans les cours d’Italie du Nord et les milieux ecclésiastiques de Toscane, naît un nouveau style musical fait de lignes fleuries et d’harmonies suaves qui se distingue nettement du style français contemporain de l’Ars Nova, plus spéculatif. En cette première moitié du quatorzième siècle, le genre le plus prisé est le madrigal à deux voix. De structure contrastée, il se clôt par un bref ritornello en rupture rythmique avec ce qui précède. La caccia, ou « chasse », est à la fois un certain genre poétique et une technique de composition musicale. Les cacce sont des poèmes réalistes qui présentent des scènes de la vie rurale pleines de bruit et d’agitation comme peut l’être une partie de chasse, de pêche ou une scène de marché, et se caractérisent par une structure métrique irrégulière et des jeux verbaux. Dans les courtes histoires que vous entendrez, des seigneurs et leurs chiens se lancent à la poursuite du gibier, un chasseur séduit une bergère, des bergers crient au loup après la disparition d’un agneau. Exclamations et aboiements animent ces saynètes riches en rebondissements ; l’intervention d’éléments perturbateurs précipite le tout dans une effervescence proche de la cacophonie. Parfois, on assiste à deux scènes différentes à la fois, comme dans Nell’acqua chiara où le bruit d’un marché est émaillé des exclamations indignées d’un pêcheur dérangé par le tumulte. Ailleurs, c’est le surgissement soudain d’un événement imprévu qui fait bifurquer le cours de l’action : dans Chon brachi assai, une averse oblige les chasseurs à interrompre leur activité pour se mettre à l’abri, tandis que dans State su, donne, l’évocation du loup effraye les jeunes filles qui folâtrent dans la campagne et donne lieu à une fuite éperdue décrite avec humour. La référence amoureuse n’est jamais loin : il peut s’agir d’une évocation de la dame dans Per sparverare, ou bien il s’agit d’une rencontre amoureuse à peine évoquée dans State su, donne mais bien réelle dans Chon brachi assai où les circonstances de la rencontre causée par la tempête amènent une référence mythologique à Didon et Énée.

Nel boscho sença foglie – Giovanni da Firenze

Caçando un giorno – Johannes Ciconia

Nell’acqua chiara – Vincenzo da Rimini

Ongni diletto – Magister Piero

Dà, dà, a chi avaregia – Lorenzo da Firenze

Astio non mori mai – Andrea da Firenze

Per sparverare – Jacopo da Bologna

Faccia chi de’ se’l po – Donato da Firenze

Nel prato pien de fiori – Anonyme

Per ridd’ andando ratto – Giovanni da Firenze

Cacciando per gustar/Ai cenci, ai toppi -i Magister Zacherias

Quan ye voy le duç – Anonyme

Chon brachi assai – MagisterPiero

State su, donne – Niccolò da Perugia

 ROTA VERSATILIS ROTA VERSATILIS

Les différentes significations symboliques de la roue dans la musique européenne médiévale avec : Esther Labourdette (chant), Elodie Virot (traverso), Tiphaine Boulc’h (flûtes à bec), Bettina Ruchti (vièle)

Le symbole de la roue, présent dans toutes les cultures, est doté d’une importance particulière dans la civilisation médiévale. Par sa forme sphérique et son mouvement de rotation qui expriment l’unité, l’immuabilité, l’éternité en même temps que le mouvement et la multiplicité, la roue est le symbole de la perfection divine par excellence : elle est associée au soleil dans de nombreuses traditions, au mouvement des astres dans l’antiquité gréco-romaine, au Dieu créateur et immanent chez les judéo-chrétiens. Avec ses multiples rayons autour d’un centre unique, la roue est le terrain privilégié de la combinatoire mathématique dont le Moyen âge raffole, mais prend également le sens d’instrument du hasard, avec les roues de Fortune qui se répandent à partir du 12e siècle. Enfin, au 14e siècle, on voit apparaître des pièces musicales désignées comme des roues, car leur structure polyphonique repose sur un canon circulaire qui reproduit en musique l’effet d’une roue en mouvement. Notre concert explorera différentes significations symboliques de ce formidable outil dans le répertoire musical européen du 12e au 15e siècle : de la roue-forme musicale à la roue divine exaltée par le chant mystique de Hildegard de Bingen, en passant par les chansons sur le thème de la roue de Fortune et les jeux de permutation formelle du troubadour Arnault Daniel, jusqu’au motet de Guillaume de Machaut et au rondeau de Baude Cordier où le concept de rotation va jusqu’à se mettre en scène et se démultiplier sur plusieurs niveaux.

– Hildegard de Bingen – O virtus sapientia : Antienne, Allemagne, 12e siècle – Arnault Daniel – Lo ferm voler qu’el cor m’intra : Sextine, sud de la France, fin du 12e siècle – Hare, hare, hye/Balaam, godalier/Balaam : Motet à trois voix, école de Notre Dame de Paris, milieu du 13e siècle – Munda Maria : Rota, Angleterre, 14e siècle – Philippe de Vitry – Aman novi probatur exitu/Heu, Fortuna subdola/Heu me, tristis est anima mea : Motet à trois voix, Paris, 1315 – Guillaume de Machaut – Ha ! Fortune/Qui es promesses de Fortune/Et non est qui adjuvet : Motet isorythmique à trois voix, France, milieu du 14e siècleऀ – Andrea da Firenze – Astio non mori mai : Ballata à trois voix, Florence, fin du 14e siècle – Antoine de Busnoys – O Fortune, trop tu es dure : Rondeau à trois voix, école franco-flamande, fin du 15e siècle – Vincenet – Fortune par ta cruaulté : Rondeau à trois voix, école franco-flamande, c.1470 – Baude Cordier – Tout par compas : Rondeau canonique, ars subtilior, c.1380 ⁃ Matteo da Perugia – Andray Soulet : Canon à 3 voix, Italie, 14e siècle – saltarello 2 : Danse instrumentale, Italie, 14e siècle – Francesco Landini – Fortuna ria : Ballata à deux voix, Florence, 14e siècle – Rotta – Moine de Salzburg – Martein lieber herre : Radel, Autriche, fin du 13e siècle

 BON JOUR, BON MOIS, BON AN BON JOUR, BON MOIS, BON AN

Voyage en Europe, du Nord de l’Italie à l’Angleterre au fil des formes, des siècles et des saisons

avec : Esther Labourdette (chant), Claire Piganiol (flûtes à bec, harpe et organetto),Tiphaine Boulc’h (flûtes à bec)

– Bon jour, bon mois, bon an et bonne estraine – Guilaume Dufay, 15ème siècle – Esperance qui m’asseure – Guillaume de Machaut, 14ème s. – Sanz cuer m’en vois – Amis, dolens – Dame, par vous – Guillaume de Machaut, 14ème s. – Flos vernalis – Anonyme, 14ème s. – Lanquand li jorn son lonc enmai – Jaufré Rudel, 12ème s. – Munda Maria – Anonyme, 13ème s. – Pescando in aqua dolce – Anonyme, 14ème s. – Andray Soulet – Matteo da Perugio ,14ème s. – Di novo è giunt’un chavalier – Jacopo da Bologna ,14ème s. – La neve e’l ghiaccio – Guilielmus de Francia,14ème s. – Vergine Bella – Guillaume Dufay, 15ème s. – Adieu ces bons vins de Lannoys – Guillaume Dufay, 15ème s.